RDC : en froid avec Tshisekedi, Katumbi accuse l’ANR de lui avoir refusé le survol du territoire
Le bras de fer se durcit entre le pouvoir et l’ancien gouverneur du Katanga, qui assure que son jet privé n’a pas reçu d’autorisation de survol du pays alors qu’il devait se rendre au Qatar. Explications.
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Également membre de la Confédération africaine de football (CAF) et de la Fifa, Moïse Katumbi est bien en route pour le Qatar. À Doha, il doit en effet participer à des réunions avec des responsables du football mondial et assister, entre autres, à la finale de la Coupe du monde, le 18 décembre prochain. Mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu pour le patron du Tout-puissant Mazembe, qui n’a pas pu faire venir son jet privé, stationné à l’extérieur du pays, à Lubumbashi.
Sur la route
« J’ai demandé l’autorisation de survol il y a environ une semaine et le patron des services de renseignement a décidé de ne pas me l’accorder », assure Katumbi à Jeune Afrique. « Je ne savais pas que le Congo appartenait à quelques individus seulement », poursuit-il. L’homme politique précise avoir pris la route jusqu’à la Zambie voisine. Il y a obtenu, « en quelques heures », le précieux sésame lui permettant de se rendre au Qatar, via l’Afrique du Sud.
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Le survol de l’espace aérien congolais par un jet privé nécessite en effet une autorisation préalable du patron de l’Agence nationale de renseignement (ANR), Jean-Hervé Mbelu Biosha. « Il y a des personnes en RDC qui s’approprient le pays et croient que tout est permis. Trop c’est trop, il y a un temps pour tout », dénonce Katumbi. Contactée par JA, une source à l’ANR précise que « son dossier est en cours de traitement. » En revanche, la Direction générale de migration (DGM) a refusé de répondre à nos questions.
Bras de fer Katumbi-Beveraggi
Cette affaire intervient dans un contexte particulier. Le 12 décembre, Laurent Batubenga Ilunga, le président du tribunal de commerce de Lubumbashi, a annoncé sa démission après 26 ans de carrière, accusant l’influent Peter Kazadi, haut cadre de l’UDPS et proche de Félix Tshisekedi, de l’avoir forcé à « valider des saisies-attributions pratiquées sans titre exécutoire par les sociétés Octavia Limited et NB Mining Africa SA qui appartiendraient à Pascal Beveraggi ». L’homme d’affaires corse et Katumbi s’affrontent devant la justice depuis plusieurs années.
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Dans son courrier, le juge poursuit : « Peter Kazadi, prétendant ne pas agir pour son compte personnel mais dans l’intérêt du pouvoir, voudrait que je m’implique en tant que chef de juridiction pour aider à priver, selon ses termes, un adversaire politique [Moïse Katumbi] des ressources financières qui lui donneraient les moyens de combattre le régime lors des prochaines échéances électorales ». Contacté par JA, Kazadi a réfuté ces allégations, accusant l’ancien gouverneur de se victimiser.
« Moïse Katumbi n’est pas sincère, il est malhonnête », réplique un conseiller de Félix Tshisekedi à la présidence, accusant celui qui est officiellement toujours membre de l’Union sacrée, de « combattre le président de la République » qu’il « cherche à remplacer ». « Nous allons le traiter comme un adversaire politique », ajoute un proche du chef de l’État. Alors que la Commission nationale électorale indépendante (Ceni) a fixé les élections générales (dont la présidentielle) au 20 décembre 2023, Katumbi a convoqué une réunion de son parti, Ensemble pour la République, avant Noël. Cela afin de faire le point et de « mieux préparer l’avenir