VACRADIO-CINEMA : César du meilleur film étranger : « C’est irréel », dit Monia Chokri

Érika Bisaillon

Au lendemain de sa victoire du César du meilleur film étranger, Monia Chokri peine encore à y croire. « C’est un peu irréel, j’ai très peu dormi. À vrai dire, je n’avais pas envie de dormir, j’avais envie de le vivre », lance-t-elle en entrevue à D’abord l’info, samedi matin, en direct de Paris.

Son film Simple comme Sylvain a décroché, vendredi, le César du meilleur film étranger devant d’autres films à succès – notamment Oppenheimer, du cinéaste Christopher Nolan – lors de la 49e cérémonie du gala du cinéma français.

J’ai mis longtemps à y croire, ça a pris au moins trois heures avant que je redescende sur Terre. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. C’est miraculeux d’une certaine manière, par rapport aux autres personnes qui étaient nommées dans la même catégorie que moi, ajoute la réalisatrice québécoise.

Outre Oppenheimer, le film de Monia Chokri affrontait pour le César du meilleur film étranger L’enlèvement, de Marco Bellocchio, Les feuilles mortes, d’Aki Kaurismäki, et Perfect Days, de Wim Wenders.

C’est un prix de cœur, le prix du film étranger, parce qu’il n’y a pas d’enjeu de guerre dans le milieu entre un producteur ou un autre. Je pense que c’est juste une marque d’affection, et j’en suis ravie.Une citation de Monia Chokri, réalisatrice québécoise

J’ai grandi avec le cinéma français, c’est avec lui que j’ai voulu faire du cinéma, donc c’est sûr que quand ça arrive, c’est plus grand que nature. Je ne pouvais pas me permettre de rêver de remporter un César dans ma vie ou même de faire des films, explique Monia Chokri.

La vie est précieuse et fragile, quand ça va bien et que tout est aligné, il faut être reconnaissant et le vivre à fond.Une citation de Monia Chokri, réalisatrice québécoise

Cette comédie sentimentale avait reçu une ovation de sept minutes à sa première mondiale, au Festival de Cannes, en mai 2023. Il a aussi déjà été primé au Festival de Cabourg, dans le nord de la France, où il a remporté le Grand prix du jury et le Prix de la jeunesse.

Monia Chokri pendant son discours de remerciements.

Monia Chokri acceptant le César du meilleur film étranger lors de la 49e grand-messe du cinéma français, le 23 février 2024.

Photo : Getty Images / Julien M. Hekimian

« On n’accepte plus la brisure que le métier a faite dans la vie des femmes »

C’est la quatrième fois de l’histoire des César qu’une femme s’impose dans cette catégorie, après Jane Campion en 1994, Sofia Coppola en 2005 et Valerie Faris en 2007.

Cette édition s’est déroulée dans une ambiance particulière, au moment où l’industrie du cinéma est éclaboussé par de multiples scandales. De nombreuses femmes du milieu se sont récemment levées pour dénoncer les abus sexuels et physiques qu’elles disent avoir vécus, dont plusieurs actrices de la part de réalisateurs tant Américains que Français.

Judith Godrèche a par ailleurs prononcé un discours sur les violences sexuelles dénonçant une omerta dans l’industrie.

La femme, vêtue de noir et blanc, sur un fond bleu pour un lancement de film.

Judith Godrèche est devenue la figure de proue du mouvement #MoiAussi français après avoir porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon.

Photo : Getty Images / Dia Dipasupil

J’ai vraiment senti le vent tourner, hier. Comme si le monde d’avant n’avait plus sa place et qu’on n’accepte plus la brisure que le métier a faite dans la vie des femmes, ajoute Monia Chokri. Elle dit avoir beaucoup aimé le discours de Justine Triet, qui a dédié son César à toutes les femmes qui dénoncent et à celles qui ont peur de parler, à celles qui se battent et à celles qui réussissent ainsi qu’à celles qui échouent.

Radio Canada

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