Les restes de 215 enfants ont été retrouvés enterrés sur le site d’un ancien pensionnat autochtone à Kamloops, en Colombie-Britannique, une découverte qualifiée de « déchirante », mais pas pour autant surprenante.
Rosanne Casimir, la chef de la Première Nation Tk’emlups te Secwépemc, a déclaré jeudi dans un communiqué que la nature des restes avait été confirmée la fin de semaine dernière avec l’aide d’un spécialiste en radars pénétrants.
Mme Casimir a qualifié cette découverte de perte impensable dont on a parlé, mais qui n’a jamais été documentée au pensionnat autochtone de Kamloops
.
Un archiviste du musée local travaille avec le Musée royal de la Colombie-Britannique pour tenter de trouver des archives sur les décès, a-t-elle précisé.
Certains des enfants n’avaient que 3 ans.
Choquant
et déchirant
Selon Michèle Audette, une ancienne commissaire de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, la nouvelle de cette découverte est accablante.
Je cherche encore mon souffle
, a-t-elle dit au micro de Tout un matin.
Le chiffre est choquant, mais peut-être qu’il est la pointe de l’iceberg
, ajoute Mme Audette.
Elle espère que cette découverte macabre, qui pourrait offrir des réponses à certaines familles, puisse les aider dans leur processus de guérison
.
Le ministre fédéral des Services aux Autochtones, Marc Miller, a réagi sur Twitter.
Il dit avoir discuté avec Rosanne Casimir, jeudi, de cette nouvelle déchirante
, et lui avoir offert l’appui indéfectible de Services aux Autochtones Canada pendant que la communauté et les communautés environnantes endeuillées honorent la mémoire de ces enfants
.
Selon le chef de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, cette découverte douloureuse
n’est cependant pas une surprise.
Même si ce n’est pas nouveau de trouver des sépultures dans les anciens pensionnats, c’est toujours dévastateur d’exposer les blessures de ce chapitre de l’histoire
, écrit-il dans un gazouillis.
Le pensionnat le plus important du pays
L’école était autrefois la plus grande du système des pensionnats autochtones du Canada.
Compte tenu de la taille de l’école, avec jusqu’à 500 élèves inscrits et la fréquentant à tout moment, nous comprenons que cette perte confirmée touche les communautés des Premières Nations de la Colombie-Britannique et d’ailleurs
, a déclaré Mme Casimir par communiqué.
La chef a déclaré que le travail d’identification du site avait été dirigé par le département des langues et de la culture de la Première Nation aux côtés des gardiens du savoir cérémonial, qui s’assuraient que le travail était conforme aux protocoles culturels.
Les dirigeants de la communauté Tk’emlups reconnaissent qu’ils ont la responsabilité de s’occuper de ces enfants perdus
, a ajouté Mme Casimir.
“L’accès aux dernières technologies permet un véritable décompte des enfants disparus et, espérons-le, apportera un peu de paix à ces vies perdues
“, a-t-elle ajouté dans le communiqué.
Les travaux ont été financés par une subvention du gouvernement provincial, a-t-elle précisé.
Mme Casimir a indiqué que les responsables de la bande informent les membres de la communauté et des communautés environnantes qui avaient des enfants qui fréquentaient l’école.
C’est le début, mais, étant donné la nature de cette nouvelle, nous avons estimé qu’il était important de la publier immédiatement
, a-t-elle déclaré.
En activité de 1890 à 1969
L’Autorité sanitaire des Premières Nations a qualifié la découverte des enfants d’extrêmement douloureuse
et a déclaré dans un site web qu’elle aura un impact significatif sur la communauté de Tk’emlúps et sur les communautés desservies par ce pensionnat
.
Le PDG de l’Autorité sanitaire, Richard Jock, a laissé entendre que la situation avait le potentiel de toucher les membres des Premières Nations de la Colombie-Britannique et de tout le pays.
Le fait que cette situation existe n’est malheureusement pas une surprise et illustre les effets néfastes et durables que le système des pensionnats autochtones continue d’avoir sur les membres des Premières Nations, leurs familles et leurs communautés
, a écrit M. Jock dans un article publié en ligne.
L’école de Kamloops était en activité entre 1890 et 1969. Le gouvernement fédéral a repris l’établissement de l’Église catholique, et il a été utilisé comme école de jour jusqu’à sa fermeture, en 1978.
La Commission de vérité et réconciliation a publié son rapport final sur les pensionnats autochtones il y a plus de cinq ans. Le document de près de 4000 pages détaille les mauvais traitements graves infligés aux enfants autochtones dans les établissements, où au moins 3200 enfants sont morts en raison de mauvais traitements et de négligence.
Par Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne